Un auteur raté n’est pas un mauvais auteur.
Un auteur raté a, sinon du talent, du moins un peu de savoir-faire; on lui reconnaît quelques qualités d’écriture.
La plupart du temps, l’auteur raté a même obtenu de petits succès d’estime, quelques encouragements de gens « du milieu », parfois haut placés. Ces gratifications vont de la place d’honneur lors d’un concours provincial de jeune écrivain à la collaboration, gracieuse, à l’écriture d’une série TV à laquelle les producteurs renoncent finalement, pour d’obscurs motifs et sans que l’auteur raté l’apprenne directement.
Parfois, l’auteur raté a réussi à placer une chanson auprès d’une star ratée (i.e. un(e) interprète qui n’a jamais été invité(e) à chanter à la Starac’ ni à décorer chez Fogiel). Ces réussites mineures sont autant d’encouragements à continuer, à ne pas baisser les bras, à se battre. Elles empêchent l’auteur raté de devenir un auteur maudit, un auteur aigri, voire un auteur suicidé.
Un auteur raté est donc un auteur qui ne réussit pas à vivre de son écriture. Ce qui induit qu’il essaye. Un auteur raté a quelques contacts qui pourraient le faire travailler, ou qui connaissent quelqu’un qui pourrait le faire travailler. Peut-être l’auteur raté ne sait-il pas faire fructifier ces connexions…
En résumé, l’auteur raté n’a jamais été publié ni édité, est inscrit à la SACEM, leur coûte plus (en timbres) qu’il ne leur rapporte, doit refuser poliment quand la SACD lui propose de prélever le montant de son adhésion sur ses droits d’auteur à venir (il n’y en n’a pas), et se psalmodie quotidiennement que Jean Rouaud à obtenu le prix Goncourt avec un manuscrit envoyé par la poste alors qu’il était kiosquier.
Des questions ?…