J’ai pris la décision de m’inscrire sur Instagram. Parce que c’est le réseau social des jeunes paraît-il, or c’est super, ça, les jeunes, et moi je ne voudrais pas vieillir trop vite, il faut vivre avec son temps, ne pas passer à côté ni s’encroûter, suivre le monde en marche sous peine d’être dépassé, de devenir conservateur, voire réactionnaire, et pourquoi pas le retour de la bougie, d’Alain Juppé et du Minitel tant qu’on y est? Non non non, Instagram nous voilà, le Progrès en marche, pas question de rester sur la touche!
J’ai pris la décision de m’inscrire sur Instagram surtout parce que l’aimée y poste de temps en temps des photos, plus que sur Facebook (où la jeunesse prépare beaucoup moins l’avenir radieux que sur Instagram, si, si, les études le disent), ainsi je pourrai cliquer sur des cœurs sous ses photos et poster des commentaires fins et subtils, pleins d’esprit, ainsi nous ne nous en aimerons que plus, ah la belle perspective que voilà!
Alors bon, c’est très facile de s’inscrire sur Instagram, je ne développe pas. Par contre j’ai passé une bonne demi-heure à essayer de poster mes photos, ces jolies photos de moi, de moi tout seul, moi avec mes amis, moi dans un salon du livre, moi corrigeant mes manuscrits, moi avec des livres lus, moi avec des vieilles pierres et des vieilles poutres, moi poète maudit, moi avec une clope, un verre de vin, moi et Marguerite.
Une bonne demi-heure de perdue, car je n’y suis point parvenu, à poster ces remarquables photos de moi sélectionnées avec soin pour donner envie, pour ne pas vieillir, pour rester désirable, pour vendre des livres et récolter des fonds pour les vieilles pierres et les vieilles poutres.
Mais comme je suis malin comme un geek, je suis allé sur la Toile magique où gît toute vérité, qui recèle toutes solutions, qui soigne même les cors au pied et fait la cuisine, et j’ai cherché. Sur des sites, sur des forums, j’ai cherché. Et j’ai trouvé, bien sûr, je suis malin si vous avez bien suivi.
Eh bien figurez-vous qu’on ne peut pas sur Instagram poster de photos, ni de moi ni de quiconque, depuis un ordinateur. Interdit. Verboten.
Non, on ne peut poster sur Instagram des photos que depuis un téléphone portable, grâce à une application.
Ah ah, ça vous en bouche un coin, non?
Or je me refuse à connecter mon téléphone portable à l’Internet.
J’ai donc un compte Instagram sans photos, ce qui finalement me paraît le comble de l’avant-gardisme cool.
Mademoiselle Bébé
La taille moyenne d’un Vietnamien est inférieure à celle d’un Français, je suis plus grand que la moyenne des Français, donc comment voulez-vous que je dorme dans un train-couchette reliant Hanoï à Lao Cai ? J’ai tout essayé : en travers, en chien de fusil, sur le dos, toujours un obstacle s’interposait entre le confort minimum requis pour s’endormir et moi. Je retiens de ce voyage que Le Chinois, d’Henning Mankell, est un excellent bouquin. Et une particularité du Vietnamien urbain que j’avais déjà repérée en deux jours passés à Hanoï : chacun pour sa gueule.
En effet, lorsqu’au milieu de la nuit le téléphone portable de mon voisin de couchette supérieure se mit à sonner (très fort), il laissa sonner (très longtemps), puis finit par décrocher et se lancer en hurlant dans une conversation (très longue). Je n’ai rien dit, il était chez lui après tout – j’agis de même en Corse quand une voiture immatriculée 2A ou 2B me coupe la route.
Chacun pour sa gueule, à moins que ce ne soit que la manifestation d’un sens de la politesse et du respect d’autrui légèrement différent des nôtres (pourtant en pleine déréliction).
En tout cas, sachez qu’au Viêt-Nam, personne ne vous laissera passer à une porte, ne vous la tiendra, au contraire, on vous la lâchera dans la gueule, on vous bousculera, on vous poussera, à un croisement, à vous jeter dans le fossé plutôt que vous laisser passer. Leur code de la route a dû être inventé par le même dingo qui a imaginé les accents de leur alphabet.
Non, rectificatif, leur code de la route n’a pas encore été inventé.
Après ce bringuebalant voyage jusque dans les montagnes du Nord Ouest, nous arrivâmes à l’aube à Sapa pour deux jours de randonnée, avec une guide francophone, Vinh, que nous devions attendre deux heures dans une maison où il nous fut proposé de prendre une douche et de nous reposer, impeccable organisation (ici, je me dois de faire du placement de produit pour la petite agence dans laquelle officie Hien, ma charmante belle-sœur, Oriental Bridge Travel, spécialiste du voyage à la carte hors des sentiers battus).
Je passai de longues minutes sur le perron, à regarder le marché s’installer, puis commencer à grouiller, découvrant de nouvelles odeurs, des sonorités inconnues, des attitudes, des visages, des démarches. Quelques personnes entrèrent dans la maison, d’autres en sortirent. En guettant l’arrivée de notre guide, à mesure que l’heure du rendez-vous approchait, une apparition me fit presque éclater de rire : une minuscule jeune femme coiffée d’un bob à fleurs, duquel s’échappaient des mèches rousses, vêtue d’une veste rouge et chaussée de bottes en caoutchouc bleues. Elle entra dans la maison mais je n’eus pas le temps de poursuivre plus avant mon examen, une autre femme, vêtue de noir et portant des chaussures de marche, arriva à son tour.
– Vinh ? demandai-je.
– Oui.
Je me présentai, nous montâmes à l’étage retrouver S., il était temps d’aller prendre notre petit déjeuner avant de partir pour nos deux jours de randonnée dans les montagnes.
Je trouvai S. en grande conversation avec bob-à-fleurs. Dont j’appris l’imprononçable prénom, Thuong. Avec lequel j’allais devoir me familiariser : nous avions 1m50 et 25 kilos de guide, car Vinh devait prendre en charge un groupe qui randonnait plus longtemps que nous.
– Parce que Vinh est un guide pour de vrai, m’informa mini-Thuong. Moi, je suis dans le bureau.
Voilà qui me rassurait.
– Tu connais Lara Fabian ? reprit-elle, insensible à mon désarroi. J’adore Lara Fabian. « Je t’aime, je t’ai-aime, comme un fou, comme un soldat »…
– Heu… Le petit-déjeuner, c’est où ?
– Oui, on y va, on y va. Comme j’arrive pas à dire ton nom et que tu es grand, tu seras Monsieur Papa.
– Ah… Et tu vas faire la randonnée avec ces bottes ?
– Oh oui ! Je chausse trop petite. 32. Pas de chaussures pour marcher à mon taille. Tu connais Enrico Macias ? On va chanter, hein ?
Le détour anthropologique permet toujours de relativiser. Parlerait-on de mon roman au Masque et la Plume ou chez Clara et les chics livres, dans Libé ou Télérama ? Thuong (vite devenue « Mademoiselle Bébé ») vit dans un box de 10m² sans eau car elle envoie la quasi-totalité de son salaire à sa famille (une mère bafouée, un père alcoolique et deux frères fainéants). Serai-je invité au festival Étonnants Voyageurs, à celui de Saumur ? Thuong a perdu le bébé dont elle était enceinte à cause d’un accident de scooter ; le père l’a aussitôt quittée. Vais-je vendre assez de livres pour pouvoir financer quelques travaux de restauration dans ma maison ? Comme elle vient d’arriver dans l’agence, Thuong n’a pas droit de retourner voir sa famille pour le Têt, qu’elle passera seule dans son gourbi, entre deux randonnées avec des Français qui parfois lui proposent un petit supplément DSK et s’étonnent, voire s’énervent, qu’elle refuse, outrée.
Pendant deux jours, malgré ses bottes en caoutchouc qui lui meurtrissaient les pieds, Thuong a avancé tout sourire à un rythme soutenu ; elle nous a préparé à manger, a négocié pour nous au marché, nous a raconté des choses sur son pays, dont elle n’est jamais sortie, et ses coutumes. Alors je peux bien vous l’avouer, que Jeffrey Lee Pierce me pardonne, j’ai beuglé du Hélène Rolles, du Lara Fabian et du Roch Voisine au milieu des rizières de Sapa.
Et avec joie.
Au suivant
Est-ce vraiment ce que nous sommes devenus, des followers, des rebloggers, des likers ? Nous suivons, nous relayons, nous aimons. Il est plus humiliant d’être suivi que suivant chantait (ironiquement) Brel. Pourtant, mais les places de leaders sont plus rares que celles de suiveurs. La compétition fait rage, une course au statut frappant, au gazouillis le plus malin ; il s’agit d’être drôle, de choquer, tout sauf l’indifférence – qui équivaut à la mort sur les réseaux sociaux. Peu de followers, peu de likes, pas de partages et l’on vous désaffecte aussi sûrement qu’une gare de campagne, qui les voit passer plusieurs fois par jour les trains qui ne s’arrêtent plus.
Pour les suivis comme pour les suiveurs, cependant, il s’agit d’être réactif. Il faut aller vite, au mépris de toute analyse, de toute réflexion. Or, on sait avec Paul Virilio que la vitesse est l’ennemi de la pensée ; en une centaine de signes, celle-ci ne peut se développer. Mais c’est ainsi que se forge l’opinion de nos jours : il faut être méta-moderne, pas de temps à perdre.
Même en littérature, il faut faire court. Je me suis vu reprocher d’avoir écrit un roman de près de 500 pages, repoussoir à critiques, paraît-il, qui préfèrent les moins épais qui se lisent plus facilement. (Est-ce à cette épaisseur que je dois la défection de journalistes qui m’avaient pourtant promis de me lire ? me demandé-je soudain (Oui, incurable naïf, je crois aux promesses ; mais je n’ai jamais obligé personne à me dire: « Je vais lire ton livre. »))
Il faut faire court, pour faciliter le travail de ceux qui jugent le nôtre – tout sauf le silence, tout sauf l’indifférence. Même si en facilitant, on va à la facilité. Donc à la simplification. Mais les suiveurs sont de plus en plus exigeants. C’est-à-dire qu’ils en veulent moins. Certains lecteurs m’avouent parfois qu’ils n’ont pas lu un article de mon blog parce qu’il était trop long… Vite, vite, vite, de la nouveauté, du buzz, en 120 signes, de quoi faire du vent en se donnant l’impression qu’on existe et qu’on pense.
Car être suiveur, c’est être actif, ne vous méprenez pas. On a même, en quelques lieux virtuels, droit à la parole. On peut y aller de son comment. On prend consistance du coup ; l’impression d’être, d’en être même parfois. Les radios aussi sont de plus en plus interactives. Le pire du pire, c’est RMC, station de l’auditeur-roi. Ils appellent, ils se déballent, ils donnent leur avis, sans aucun filtre, sans aucune censure. On se fiche de la pertinence des auditeurs – leurs interventions sont très souvent sans intérêt aucun –, il faut qu’ils se sentent écoutés. Du coup les animateurs réagissent sur des propos sans intérêt et la qualité de l’émission est tirée par le bas – dommage, j’aime bien Daniel Riolo.
L’auditeur-écouté, c’est le renversement méta-moderne, la prise de pouvoir du courrier des lecteurs. Sauf, mesdames-messieurs, que le courrier des lecteurs était écrit, et que l’écriture favorise la structuration de la pensée. CQFD. LOL.
L’auditeur-écouté, c’est l’illusion d’une démocratie participative, dans laquelle chacun pense qu’il a quelque chose à dire, que son petit avis est intéressant. Pourquoi pas si avant de parler on écoute, on réfléchit, on se fait son opinion, puis on avance des arguments et non des ressentis. La différence ? Un argument se discute, fait débat, stimule la pensée, donne à réfléchir. Un ressenti, c’est estimable, certes, mais ça ne se discute pas. Comme les goûts et les couleurs.
Tout le monde trouve formidable que chacun puisse s’exprimer.
Or, cela ne produit que cacophonie, un bruit de fond où plus personne ne fait autorité. Bah oui, le moi démocrate n’aime pas l’autorité. Mais la démocratie sans l’éducation (donc sans le débat, la discussion, les échanges), ça ouvre la voie à la démagogie. Et la démagogie, ça nous donne la droite décomplexée. Et la droite décomplexée, ça nous donne un FN (avec ses listes noires des députés à (a)battre, brrr…) de plus en plus haut. Certes, certains s’en indignent sur les réseaux sociaux.
Sur le terrain, d’autres nous préparent des lendemains qui ne gazouilleront pas vraiment.
Nounours
Ils l’appellent Nounours.
Je le vois presque tous les soirs où je vais à l’entraînement de squash, soit en moyenne deux fois par semaine.
Il s’occupe d’une association de natation, je crois (il me faut vous expliquer qu’à Issoudun, les courts de squash sont dans la même enceinte que la piscine (trois bassins et deux toboggans) et le bowling (6 pistes)).
Tout le monde le salue (« Salut, Nounours ») mais personne ne parle jamais vraiment avec lui. Il est assis sur son tabouret, à la table bistrot, des papiers étalés devant lui. Il a souvent un stylo à la main et l’air concentré. Je ne sais pas quel âge il peut bien avoir. Entre 45 et 60 ans. Il est gros. Très gros. Et assez petit. Il a une moustache et des lunettes. Quand il se déplace, il se dandine, comme beaucoup de petits gros aux jambes courtes. Je ne crois pas (je peux me tromper) que Nounours ait une vie sociale et sentimentale très épanouie. Mais il s’occupe d’une association de natation, écrivant au tableau blanc, d’une belle écriture enfantine, les horaires d’entraînement, les convocations aux compétitions, les résultats desdites compétitions.
Il est presque toujours seul mais parfois, deux ou trois personnes s’assoient avec lui autour de la table bistrot, pendant que je m’efforce de faire de belles parallèles bien longues avec un geste de coup droit académique (le corps immobile, épaules face au mur latéral, poignet ferme, raquette levée, rien ne bouge au moment de l’impact (la balle au niveau du genou) sauf le bras). Sûrement les autres membres de l’association de natation. Dans ces cas-là, il parle peu. Il écoute. Et il écrit.
Il arrive que des ados portant des sacs d’où émergent des palmes le saluent (« Salut Nounours ! »). Il leur répond de sa voix douce. Il n’essaie pas de dialoguer avec eux – il doit savoir que c’est perdu d’avance, que les lolitas en jean taille basse le voient à peine, que les boutonneux aux cheveux raides de gel n’ont rien à partager avec lui (et bien plus avec les lolitas gloussantes (or un ours (à plus forte raison un nounours) ne glousse pas)). Alors Nounours replonge le nez dans ses papiers, organisant pour ces frétillants indifférents des compétitions, des plannings d’entraînement, lui qui ne doit plus se mettre en maillot de bain depuis longtemps, s’il l’a jamais fait (je serais étonné qu’on m’apprenne que Nounours a été champion du Berry de 100 mètres nage libre (même s’il ne faut pas se fier aux apparences (les probabilités, ça existe, l’instinct aussi (et si je croise les deux, je peux être raisonnablement affirmatif : Nounours n’a jamais fait les J.O.)))).
Il s’appelle Nounours et il m’émeut, comme m’émeut rétrospectivement Pierrick, qui s’occupait des équipes de jeunes de l’US Clohars-Carnoët. Il nous emmenait aux matches, à Rédéné, Arzano ou Quimperlé. Il écrivait les convocations à la main et les affichait sur la place de la mairie, sur le panneau en bois, le jeudi pour le dimanche suivant. Et nous on se foutait de sa gueule en douce parce qu’il était vieux (il devait avoir 35 ans…) et habitait toujours chez sa mère, parce qu’on ne le voyait jamais avec une femme, parce qu’il était trop nul pour jouer en équipe première, parce qu’il était gentiment idiot, il faut bien le dire. Mais il était là à tous les entraînements ; il était là tous les dimanches, passant chercher ceux qui ne s’étaient pas réveillés après la cuite de la veille ; il récupérait tous les maillots après les matches et les rapportait propres la semaine suivante. Désolé Pierrick.
Je me demande si Jean-François Copé, au hasard (pas tout à fait (je le hais)), a jamais fait du bénévolat. Ou encadré une sortie d’enfants de l’école au musée ou dans la forêt. C’est chouette, le bénévolat. L’exact opposé de cette affreuse maxime : « Le temps, c’est de l’argent ». Pas Nounours ou Pierrick qui auraient inventé une phrase pareille. Pourtant, le monde a plus besoin d’eux que de Jean-François Copé, me dis-je parfois en tapant une parallèle, conscient de la présence de Nounours, juste là, derrière la vitre du court (les courts de squash sont vitrés (j’explique pour les béotiens)), absorbé par ses tâches administratives (en général, je rate mon coup quand je pense trop fort à Copé).
Il s’appelle Nounours, je le salue en arrivant au squash, je le salue en repartant, mais je ne lui ai jamais vraiment parlé.
Et si j’étais aussi con que Copé, finalement ?
Ça les perdra…
Bonheur, échange, partage.
Ouais, on pourrait juste parler de ça aujourd’hui.
C’est quand même ce qu’il y a de plus humain, de plus simple, de plus noble, de plus évident, de plus accessible, même en temps de crise – surtout en temps de crise ?
Les sourires lavande et les yeux champagne des vieilles dames à qui je lis du Buzzati ou du Maupassant le mercredi ; Guy, qui prend bien soin de demander à chacun s’il a besoin de quelque chose quand il prend la voiture pour aller en ville ; Marc, qui emmène toute l’équipe à la compétition de squash et qui refuse qu’on participe, parce qu’il estime qu’il a plus les moyens que nous (mais il ne le dira pas ainsi, bien sûr) ; le « merci » du mec que tu aides à désincarcérer son scooter d’entre deux autres sur le parking de la gare d’Austerlitz ; le petit message de félicitation dans ta boîte mail.
Petits gestes, attentions, écoute.
Bonheur, échange, partage.
Il y en a foule, de belles personnes, malgré tout. Pourquoi ceux qui sont censés être nos représentants ne les portent-ils pas, ces valeurs-là, pourtant tellement communes s’aperçoit-on pour peu que l’on ouvre les yeux ? Pourquoi n’en font-ils pas le terreau, le ferment de la république ?
Bonheur, échange, partage.
C’était hier soir aux Bains-Douches de Lignières (encore), décidément un lieu qui offre plus que de la musique de qualité : un esprit. Cela m’émeut immanquablement, cette convivialité franche et simple, cette ouverture aux autres, cette passion qui animent l’équipe, Annie et Jean-Claude Marchet en tête. Tu viens voir un concert et tu te retrouves à deux heures du matin, avec un verre de Vouvray en main, en train de ricaner avec Jeanne Garraud (la plus Tim Burton des chanteuses françaises) et ses deux acolytes, de causer technique avec l’ingé-son de Cyril Mokaiesh en fumant sur la terrasse, de discuter avec l’artiste himself de son match à Roland-Garros contre Robin Söderling (« j’en avais pris une bonne », avoue le grand jeunebranleuriste).
Un peu auparavant, je suis tombé dans les bras de Rico, batteur du groupe, rencontré voici une quinzaine d’années alors que je m’occupais chez Mercury du trio rock dans lequel il officiait à l’époque, Cox.
Un peu plus tard, une jeune femme m’interpellera : « Tu n’es pas le Erwan qui travaillait avec Fou ? » Nom de Dieu… Là on remonte vraiment loin dans le temps, la Sangria à Saint-Pourçain sur Sioule, le repaire de Coco, autre lieu au grand cœur et aux bonnes vibrations.
Michèle et ses culinaires complices ont fait de divins gâteaux, ça parle politique dans un petit groupe à ma droite, Annie me raconte sa rencontre vingt-cinq ans auparavant avec Nancy Huston (qui va venir jouer son spectacle à Lignières début juin), son amitié avec Dany Laferrière, on se promet d’écouter les disques des uns, de lire les livres des autres, de rester en contact, ça se fera ou pas, qu’importe !, tout le monde est heureux, uni par cet indicible, cet invisible…
… bonheur, échange, partage, peut-être ?
Ça ne coûte pas un rond et ça enrichit tellement.
C’est tellement simple qu’on se demande parfois pourquoi personne n’a songé à le mettre dans son programme présidentiel.
Ah si, il y en aurait bien un… Mais aujourd’hui, on n’en parlera pas, promis.
PS : Cyril Mokaiesh, il a tout. Beau, charismatique, talentueux, intense, vrai. Lui, si les petits cochons ne le mangent pas…